Description
“J’aimerais être suffisamment libre de mon dessin pour le tordre et le trahir de bout en bout. Adolescent, je croyais qu’il était possible de désapprendre suffisamment pour s’inventer une écriture nouvelle au gré de ses envies. Je perçois maintenant que, de même qu’un chanteur peut étendre l’amplitude de ses capacités vocales mais ne peut changer de voix, un dessinateur peut explorer sans fin l’espace de sa propre singularité, mais ne peut en sortir. Quand je dessine, les gestes les plus justes se font lorsque je me prends moi-même de vitesse. La main doit avoir son mouvement propre et agir plus vite que la tête ne pense. Je ne peux que constater l’action en train de se faire. Un bon dessin, c’est la main qui trahit la tête. Ce qui vaut pour la vie s’applique également au papier : plus je cherche le contrôle et plus je suis faux. La justesse est là quand je m’abandonne à ce qui s’impose. Je vois la pratique artistique comme un long apprentissage à ne pas faire d’efforts.”
Dans ce livre, Zéphir délivre une série d’images réalisées dans le cadre d’une succession de résidences aboutissant à une exposition à la Galerie Martel, à Paris. Dans le cadre de cette série, Fidèle publie le livre de cette série accompagnée d’un texte de l’artiste questionnant sa pratique, ses limites et partageant ses quêtes. Les journées n’étant pas assez longues, les images naissent pendant les rondes de nuit de l’artiste qui attend ce moment unique où le corps devient l’outil et où l’on constate, presque spectateur, que l’oeuvre est entrain d’être créée sous nos yeux.
Imprimé en quadrichromie offset sur Munken Print 115g, et relié en dos carré collé cousu cartonné, avec une toile marqué à chaud.
“J’aimerais pouvoir partager tels quels ces moments, morceaux de nuit où quelque chose soudainement se déploie. D’un geste la couleur s’ouvre, le trait vibre, la matière s’anime et laisse entrevoir une sorte de mystère. On contemple ça sans trop y croire, étonné d’entrevoir plus nettement ce qui se cherche dessin après dessin.”